Voyage dans le temps

2005

Qui n’a pas rêvé un jour de pouvoir remonter le temps afin d’explorer l’histoire des hommes et de côtoyer nos ancêtres ? Ce thème a fasciné les écrivains, les cinéastes mais restait une douce utopie. Désormais, la théorie physique le permet. Le premier scientifique à avoir remis en question le concept du temps fut Albert Einstein au début du XXe siècle : le temps, jusqu’alors considéré comme monolithique et implacable de régularité, devenait intimement lié à la matière et à l’espace. Il devenait avec la théorie de la relativité restreinte et générale, fluctuant, relatif. Aujourd’hui, en théorie, les plans de la machine à remonter dans le temps sont prêts. La relativité restreinte nous enseigne que deux objets qui se déplacent l’un par rapport à l’autre ont des temps différents et la théorie de la relativité générale (1915 – 1916) établit que toute masse courbe l’espace à l’instar d’une boule de billard posée sur un drap tendu. La courbure autour de ce corps précipite vers lui les objets moins denses des alentours: c’est la gravitation. Poussée à son paroxysme, cette théorie prévoit l’existence des trous noirs ; des corps si denses qu’ils s’effondrent sur eux-mêmes, des « singularités spatio-temporelles » au champ gravitationnel infini et qui aspirent tout, même la lumière. En opposition aux trous noirs, des chercheurs ont émis l’hypothèse, parfaitement possible, en théorie, qu’il existait des « fontaines blanches », sortes d’antitrous noirs qui courberaient l’espace dans le sens inverse et qui, au lieu d’attirer la matière, la cracherait. Le trou noir et la fontaine blanche sont en tout cas, les deux principaux rouages de la machine à remonter le temps. Combinés, ils forment un trou de ver, sorte de raccourci dans l’espace temps.

L’astuce consiste alors à fabriquer un trou de ver dont le trou noir est immobile par rapport à nous et dont la fontaine blanche se déplace à des vitesses proches de celle de la lumière. Le temps ne s’écoulera pas de la même manière aux extrémités du tunnel : il sera plus lent du coté de la fontaine blanche. Ainsi, quand deux mois se seront écoulés à l’entrée du trou noir la fontaine blanche sera en retard, dans le passé. Il suffira alors d’emprunter le trou de ver pour remonter le temps. Au mieux, on ne pourra revenir qu’à la date de création du trou de ver. La machine à remonter le temps est donc un tunnel spatio-temporel dont l’entrée respecte l’évolution du temps, mais dont la sortie reste figée à la date de sa création. Prenons un exemple, le 1er janvier 2000, création du tunnel et le 1er janvier 2050, on s’introduit dans le tunnel pour en ressortir le 1er janvier 2000. Il y a cependant encore quelques énigmes concernant cette théorie. Les fontaines blanches n’ont jamais été observées dans la pratique et les trous noirs, à cause de leur champ gravitationnel intense, ont la fâcheuse tendance à broyer la matière qui s’y précipite en une soupe de particules élémentaires.

Le voyage dans le temps implique aussi des paradoxes insolvables pour l’instant: imaginons un petit fils qui rend visite, en remontant le temps, à son grand-père, inventeur d’une boucle temporelle, et qui lui offre un livre que ce dernier n’écrira que quelques années plus tard. Au lieu d’écrire le livre, l’inventeur n’aura qu’à recopier l’exemplaire du futur offert par son petit fils. Très bien mais dans ce cas, qui est l’auteur du livre? Pas le grand-père puisqu’il n’a fait que le recopier… Pour résoudre ce paradoxe, certains chercheurs se tournent vers la physique quantique et ses particules aux propriétés parfois surprenantes et envisagent l’existence d’une infinité d’univers parallèles. En revenant dans le passé, un voyageur changerait en fait d’univers et offrirait le livre au grand- père de l’univers parallèle. Cela n’aurait aucune incidence sur le grand-père de l’univers de départ. Tout ceci est un peu difficile à concevoir mais ce n’est déjà plus de la science-fiction , c’est de la recherche théorique envisagée dans les laboratoires et instituts les plus sérieux

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