Kheops

1964

La Pyramide de Khéops
Depuis l’antiquité grecque, l’humanité n’a cessé de se poser des questions sur cette unique survivante des sept merveilles du monde. À quelle fin fut-elle construite? Si c’est un tombeau, pourquoi n’y a-t-on jamais trouvé ni symboles, ni attributs royaux, ni surtout une momie royale? Et comment fut-elle édifiée? Étant donné les techniques des bâtisseurs de l’époque, comment expliquer l’admirable précision de sa construction, son orientation presque parfaite par rapport aux quatre points cardinaux? Si, dans sa conception même, la Grande pyramide matérialise des notions mathématiques et astronomiques complexes, comment ses constructeurs ont-ils acquis ces connaissances tellement en avance sur les autres civilisations? Ce monument posséderait-il des pouvoirs surnaturels, au-delà de la science? Si les archéologues s’intéressent à cet édifice d’un strict point de vue historique, les autres chercheurs peuvent généralement se classer en trois écoles de pensées. La première, et la plus répandue, affirme que la pyramide de Khéops représente un système universel de mesures et que ses dimensions mêmes immortalisent des archétypes d’unités de longueur, voire du temps. La deuxième école considère la pyramide essentiellement comme un gigantesque cadran solaire et comme un observatoire astronomique. Enfin, la troisième école, plus aventureuse, spécule que la forme pyramidale pourrait mystérieusement contribuer à la croissance des plantes, prolonger la conservation des aliments et même affûter les lames de rasoir usées.
Énigmatique et majestueuse, la pyramide de Khéops surgit du plateau de Gizeh, à une quinzaine de kilomètre du Caire. Les chiffres ne peuvent donner qu’une faible idée de sa taille gigantesque: 5 ha de surface à la base, 2,3 millions de blocs de calcaire, en moyenne de 2,5 tonnes chacun. La Grande pyramide et les autres qui se dressent à proximité sur le plateau furent construites au cours de la période égyptienne dite de la IVe Dynastie, entre 2613 et 2494 avant notre ère
Le premier à avoir étudié la pyramide fut l’historien grec Hérodote. Il se rendit à Gizeh, au Ve siècle avant notre ère, la pyramide avait alors déjà deux mille ans, et il décrivit la construction d’après ses entretiens, sur place, avec des égyptiens. Il ne put pénétrer à l’intérieur (l’entrée était cachée). Ce n’est qu’en l’an 820 qu’un Arabe, Al-Mamum, trouva l’entrée de la pyramide. Après avoir pénétré la pyramide, lui et son équipe furent arrêté par des blocs de granite. Ils percèrent les blocs voisins de calcaire plus tendre. Ils se trouvèrent dans un couloir montant et fort bas, que coupait, en haut, un passage horizontal. Après avoir visité la pyramide, ils ne trouvèrent qu’un sarcophage vide dans la chambre du Roi. Ou bien ce sarcophage vide était tout ce que cette chambre eût jamais contenu, ou bien des voleurs l’avaient pillée depuis longtemps. Mais, s’ils s’étaient introduits aussi avant dans la pyramide, comment avaient-ils fait pour franchir les blocs de granite?
Pour conclure sur la pyramide, il serait intéressant de parler de la malédiction de Toutankhamon. En novembre 1922, après quinze ans de fouilles dans la Vallée des Rois, au sud du Caire, l’égyptologue Howard Carter, accompagné de son commanditaire George Edward Herbert, compte de Carnavon, descella l’entrée d’un tombeau souterrain et mit au jour un admirable ensemble de vases, de chars, de trônes et de bijoux: le trésor funéraire du pharaon Toutankhamon. Mais le triomphe des fouilleurs n’alla pas sans difficultés. Des hiéroglyphes, disait-on, menaçait de vengeance les profanateurs. Un cobra, symbole égyptien de royauté, dévora le canari de Carter. Les fouilles se poursuivirent néanmoins toute l’année suivante, jusqu’à ce qu’on découvrit la chambre renfermant le sarcophage même de Toutankhamon. Mais lord Carnavon n’était plus là pour le voir: il avait succombé, quelques mois plus tôt, à un empoisonnement du sang. Certains ne manquèrent pas d’affirmer qu’il avait été, en fait, victime de la malédiction du pharaon.

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