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Dictionnaire des reves en ligne
Commentaires et associations
Le rêveur ajoute souvent quelques explications à la communication de son rêve ; il donne les éclaircissements nécessaires à la partie des rêves qui concerne les personnes, les choses se rapportant à sa vie actuelle ou passée, ou à des événements qui lui sont connus. Dans ce contexte, il apportera tout ce qui est susceptible de rendre plus claire la représentation des personnes dont il a été question en rêve ; il constate ce qu’elles ont été pour lui ou le sont encore, dans quel rapport elles se trouvent avec leur entourage qui lui est connu. Quant aux choses, le rêveur en donnera peut-être une description, dira comment il est entré en leur possession ou à qui elles appartiennent. On sera parfois très étonné de ce que certains objets de la première enfance depuis longtemps oubliés fassent leur apparition. La description d’endroits et de paysages devra être faite avec une complaisance particulière lorsqu’il y a un rapport avec l’endroit du rêve. Comme certains rêves ont la faculté de réveiller de vifs souvenirs le strict contexte dégénère souvent, spécialement dans le récit oral, en une longue suite d’événements personnels qui ont soudain acquis une certaine importance.
Le rêve est par conséquent entouré d’une couronne d’éléments conscients qui peuvent aider à déterminer et à interpréter son contenu. On fera bien de ne jamais oublier que ce qui constitue un à-côté pour la vie consciente peut avoir une importance décisive dans le rêve, et inversement.
Il a déjà été fait mention plus haut de cette instance intérieure qui crée et construit le rêve et qui dispcse en maître incontesté de tout ce qui a jusqu’ici constitué le contenu de notre existence. Nous la comparions au directeur des archives qui aurait à sa disposition, en plus des reproductions de tout l’univers sensible et des événements des temps les plus reculés, toute notre expérience personnelle, oubliée ou non, y compris celle de notre vie actuelle.
C’est à ce matériel personnel que se rapporte le contexte. Il accomplit ce faisant un chemin inverse à celui du créateur de nos rêves. Celui-ci a puisé dans la vie du rêveur tout ce qui pouvait faire allusion à la situation intérieure de son « patron ». Il a en même temps ajouté à la formation du rêve l’atmosphère propre à ces événements. Le contexte, lui, reprend en quelque sorte l’événement en question et le replace consciemment dans la relativité de la vie actuelle. La signification de cet événement rappelé par le rêve est clairement comprise puis reportée dans le déroulement du rêve. C’est de cette façon qu’apparaissent certains « îlots » dans le texte du rêve à partir desquels tout le reste se trouve peu à peu éclairé. La coordination des trois éléments : rêve, contexte et situation actuelle du rêveur donne un quatrième élément : le sens du rêve.
Voici un exemple d’un petit rêve dont le genre est assez courant : Un homme rêve qu’il marche sur une route alpestre qui semble interminable ; enfin il atteint le col. Mais il doit décliner son identité en présence d’officiers de la douane ; il s’aperçoit alors qu’il a laissé, sans y prendre garde, une partie de ses bagages dans le dernier quart de sa course. Il doit attendre en haut jusqu’à ce que ces bagages lui soient parvenus. Voici le contexte : II y a bientôt huit ans lorsque j’étais en Suisse ; je faisais une excursion sur le San Bernardino dont j’avais l’impression qu’elle était sans fin. Arrivé sur le col j’étais très étonné de ce qu’on y parlait l’italien. ? Quant à la situation actuelle du rêveur, elle se résume pour lui dans le fait qu’il sent le succès proche après une période de longs et pénibles efforts. Il semble d’ailleurs qu’il a pleinement mérité ce succès. Pourtant ces derniers temps, il si: fait preuve d’une certaine négligence, a souvent précipité son travail et s’est même laissé aller à un certain manque d’égards envers ses semblables. Rêve, contexte et situation actuelle signifient qu’il sera bientôt arrivé en « haut » mais qu’il aura alors à prouver sa personnalité qui est actuellement susceptible d’être menacée et critiquée. Ils signifient d’autre part qu’il ne pourra avancer dans le nouveau genre de vie (il
s’agissait d’un poste scientifique à l’université) que lorsqu’il aura rattrapé ce qu’il a délaissé dans la lutte pour la dernière partie de l’ascension. Le sens du rêve donne : le succès est proche ? il a d’ailleurs eu lieu ? mais il convient de se méfier d’un certain comportement nuisible durant ce dernier épisode de l’ascension professionnelle.
Le contexte devra aussi chaque fois comporter la description de la tonalité du rêve. Elle se compose ici de la joie de ce qui a été obtenu, d’une légère angoisse à la pensée de l’examen de la personnalité (dans l’exemple, les’officiers de la douane) et de l’attente impatiente des choses qui sont restées en cours de route ; il y a aussi le fait de savoir qu’il faudra parler dorénavant un langage un peu différent.
Nous ne donnons ici qu’une seule explication du rêve, celle qui est la plus proche de la conscience. Comme ce rêve fait partie d’une série, certains autres aspects ayant rapport au travail et à des problèmes philosophiques du rêveur se sont encore ajoutés à l’interprétation principale. Sa fonction sentimentale indifférenciée a également eu voix au chapitre. Une partie du contexte ainsi que certains rêves de la même série avaient un caractère d’avertissement. Il s’est avéré que ce technicien scientifique n’a pas pu garder les hauteurs sans fournir un effort continuel.
Chaque rêve comporte plusieurs couches ; il est par conséquent passible de plusieurs explications. Mais un contexte détaillé, des associations et le sens qui se dégage d’autres rêves de la même série laissent présumer le sens essentiel, le problème qui préoccupe avant tout le rêveur.
Il existe un certain danger au cours de la consultation psychothérapeutique : le narrateur, en présentant le rêve et le contexte, s’en éloigne de plus en plus et finit par « raconter sa vie ». Il oublie le point de départ et enchaîne jusqu’à ce que ses récits n’aient plus rien à voir avec le rêve. Ces « épan-chements » sont évidemment intéressants à leur manière. Mais comme Seul le rêve ? ou la série de rêves ? traduit les problèmes actuellement importants, on se doit de toujours revenir au rêve et à son contexte. Pendant trop longtemps, la méthode psychanalytique de Freud a permis indéfiniment à une association de faire suite à une autre, mettant l’accent sur les complexes et les caractères les plus invraisemblables du rêveur ; mais les raisons pour lesquelles ce dernier a cherché une conduite de vie consciente sont ainsi restées insuffisamment explorées. Il faut évidemment faire
remarquer que cette psychologie est d’avis qu’il s’agit très probablement toujours de la question sexuelle ; d’ailleurs on se meut encore à l’intérieur du seul problème qui semble être la préoccupation de cette école.
On ne doit cependant pas rejeter les associations qui peuvent se faire à l’occasion du rêve et de son commentaire. Elles affinent et renforcent les relations qui existent entre le monde quotidien du rêveur et son rêve. -Lorsque le rêveur déclare à l’interprète que tel ou tel détail est certainement insignifiant », qu’il ajoute ne pas comprendre pourquoi il lui vient à l’esprit alors qu’il semble n’y avoir aucun rapport avec ce qui précède, on peut supposer que l’on se trouve en présence d’un élément particulièrement important du problème onirique.
Voici le contexte et certaines associations concernant un rêve très long que le lecteur essaiera de coordonner. Le rêveur déclare : « Le monsieur que je rencontrai dans la salle des guichets d’une banque, était mon premier chef, alors que je travaillais comme stagiaire à Bruxelles. Les rapports que j’avais avec lui étaient bons ; mais il voulait toujours que je devienne un peu plus sociable, ? il faut vivre aussi ! disait-il sans cesse ». Voilà donc à nouveau ce chef qui apparaît en rêve, et cela dans la salle d’une grande banque, c’est-à-dire en un lieu de concentration énergétique. ? « La gare à laquelle s’arrêtait le train du rêve, parce que la locomotive faisait son plein d’eau bien que ce fut un train électrique, me rappelait la petite station le long du lac Léman. Je passais là mes vacances avant mon baccalauréat ; j’y fis connaissance d’Yvonne, fille d’un médecin ; un jour, nous prenions ensemble le train pour Genève ; je n’ai malheureusement pas osé l’inviter à une tasse de thé ou à une promenade. Je pensais souvent à elle ces derniers temps, elle avait le même âge que moi. ? Je ne comprends pas cette histoire avec l’argent que je voyais en rêve dans mon tiroir ; il y a peut-être un rapport avec un article de journal où il était question d’un coffre-fort avec des écus frappés à l’effigie de Marie-Thérèse d’Autriche qui avait été trouvé au cours d’une reconstruction de bâtiment. » Le rêveur ajoutait : « C’est parce que ces écus étaient en argent qu’ils avaient encore de la valeur, l’argent reste pareil à lui-même. » ? Je ne peux plus me souvenir de cette adresse que je cherchais dans mon carnet, à part une partie du nom de la rue et le numéro de la maison. La rue portait le nom d’un général et le numéro
était probablement 39. Ceci s’explique facilement car je pensais assez souvent ces derniers jours que je vais maintenant commencer la quarantaine. J’ai réfléchi en rêve au sujet du 3 et du 9 et j’ai trouvé qu’ils allaient ensemble. ? Les baigneurs me rappellent à nouveau le séjour au lac Léman. J’y rencontrai un jour la fille de ce médecin, elle allait à la plage en vélo et emmenait son costume de bain. Elle me demanda : ‘ Vous venez avec moi ? ‘ Je disais que je viendrai plus tard mais je me suis arrangé pour être retenu à la maison par une question de correspondance. Il y a peut-être là un rapport avec la lettre du rêve. ? Si j’ai déjà été à la mer, comme en rêve ? Oui, assez souvent, mais le paysage du rêve était tout autre que les plages de Hollande ou de Suède où me conduisaient de fréquents voyages d’affaires. Il s’agissait d’une mer méridionale avec beaucoup de soleil. Il y avait des garçons bronzés, ils ressemblaient à des nègres, mais c’étaient des éclaireurs. A ce propos, une image datant de ma jeunesse me vient à l’esprit sur laquelle des noirs transportaient un homme blanc, malade, vers le rivage. » Ce contexte faisait presque honte au rêveur, il en était visiblement ému ; probablement y avait-il également en lui un homme qu’on amenait de la brousse de l’inconscient vers des rivages plus clairs. ? C’est seulement après quelques commentaires au sujet de la rue qui portait le nom d’un général, que notre rêveur vit brusquement, peut-être en rapport avec la guerre de Sécession, un tableau du peintre Frank Buchser : « The Song of Mary Blane ». Il y avait probablement à cette époque chez le rêveur deux images psychiques, un rapprochement vers l’Anima claire et l’Anima obscure qui étaient en lui. Peut-être existait-il en lui une sorte de guerre de Sécession entre les états du Nord et ceux du Sud. ? La remarque au sujet de l’article qui relatait l’histoire de la maison démolie donnait lieu, chez le rêveur, à une autre remarque au sujet de son propre affaiblissement actuel. ? Quant aux écus d’argent portant l’effigie d’une tête de femme, il ne savait qu’en faire, et pourtant c’était de l’argent féminin qui lui revenait lors de la reconstruction de son propre édifice psychique. ? Au sujet de la fille du médecin, il affirme qu’il peut s’être trompé dans la profession du père ; mais chaque fois qu’il pense à elle, c’est la fille du médecin. Elle a manifestement un rôle médical et semble lui être envoyée des profondeurs de l’âme à des fins salutaires, sorte de Nausicaa sur la plage dont la rencontre facilitera le retour à sa pleine personnalité.
II s’agit ici d’un homme d’une quarantaine d’années, plutôt tourné vers l’intérieur, qui s’est créé subsidiairement un caractère extraverti, sans avoir bien résolu son conflit éthique et pour qui la féminité est restée inconsciente, aussi bien en lui qu’au dehors de lui. C’est alors qu’il est devenu une sorte d’éclaireur, il entendait le chant des négresses qui ne formaient pas encore une unité autour de Mary Blane, l’appel de l’Anima noire ; il cherchait dans le rêve et dans le contexte à se rapprocher des eaux plus claires de sa nature internej d’une Anima déjà formée.
Le contexte et les associations qu’il provoque tendent à enrichir et à élargir chaque élément du rêve pour le rendre plus conscient. Scientifiquement nous appelons cet élargissement amplification. Une pareille amplification par exemple ajoute non seulement à la silhouette indistincte du frère ce qui pour ce dernier est particulièrement significatif au point de vue physique, elle ne se contente pas de relater les rapports qu’on entretenait avec ce compagnon de jeunesse, mais elle fait encore allusion à ce que chacun des frères, en lui-même, peut représenter pour l’autre. On le reconnaît alors comme un contraire interne, et les oppositions, les aspects complémentaires deviennent ainsi l’expression de ce qui en nous-mêmes est opposition, aspect complémentaire.
Des personnages historiques apparaissent souvent dans les rêves. Le contexte consiste alors rarement en expériences personnelles et il s’agira plutôt’de constater ce que le rêveur a pu savoir au sujet de ces personnages. Ces quelques cent ou deux cents figures de l’histoire et dont la trace se trouve dans la mémoire des hommes, comme par exemple les promoteurs de philosophies nouvelles, les conquérants, les quelques très grands savants et les artistes dont chacun sait au moins quelque chose, représentent, lorsqu’ils apparaissent en rêve, un aspect typique, universellement humain. Leur image se forme à l’école et dans les jugements portés sur les événements historiques. Ils sont sans cesse évoqués par les écrits et les paroles.
Le rêveur et l’interprète doivent évidemment se poser la question : A quels contenus psychiques du rêveur ces figures font-elles allusion ? Lorsqu’il s’agit du nom d’un grand homme dont le rêveur sait fort peu de choses, il convient de lire ce qu’en dit le dictionnaire ; il s’apercevra alors qu’il en savait plus long que ce qui lui était simplement conscient, que cette figure lui a été dictée par l’inconscient.
Il y a des rêves dont le contenu est pauvre ; il y a en aussi qui sans être de grands rêves, utilisent à leur construction très peu de matériel biographique.
« J’étais à la montagne, j’avançais le long d’une pente, un peu plus haut je vis un officier supérieur dans une position très dangereuse. Puis j’avais entre les mains un journal qui appartenait à une femme qui s’appelle Edith. A part cela, je ne me rappelle de rien. Pourtant si, je vis la lune, bien que cela se passait en plein jour ; plus exactement, il était trois heures moins un quart. On craignait, je ne sais pas qui, le danger d’une inondation. »
La rêveuse ne connaissait pas d’Edith, excepté une amie qui est une petite fille mal élevée ; mais à son avis, cette dernière est beaucoup trop petite pour avoir une importance. Tous les autres éléments du rêve doivent être complétés par des associations. La rêveuse doit se demander ce que signifie « être le long d’un versant ». A part cela elle avoue ne pas connaître d’officier supérieur ; il s’agit manifestement d’un aspect intérieur ; des associations devront préciser l’aspect de cette figure ainsi que le lieu de son apparition. Elle reconnaîtra d’autre part que les journaux apportent les nouvelles mais sont riches aussi en événements scandaleux. L’officier peut représenter une fonction animus en elle, une valeur masculine, peut-être une attitude d’esprit jusqu’à présent conventionnelle. En outre, il s’est passé quelque chose ; le journal intérieur l’annonce comme une nouvelle. Il y a un rapport entre la petite fille mal élevée, sa propre personne marchant le long d’une pente, et la fonction supérieure qu’incarné l’officier il se trouve en haut dans le rêve. Au sujet de la lune qui luit en plein jour, la rêveuse observe que son enfant lui avait fait remarquer avec étonnement que l’on pouvait voir la lune même s’il fait du soleil. Mais elle ne savait pas dans quelles conditions cela se passe. Il s’agit probablement d’une lune croissante, d’une féminité inconsciente qui augmente, et ceci en plein jour. Cette explication l’amenait d’ailleurs à concevoir un rapport entre la lune et la phase lunaire de la physiologie féminine. Le symbolisme de la lune évoque de nouveaux aspects et de nouvelles considérations. Il y a très probablement un rapport entre sa nature féminine et la lune, entre l’officier supérieur menacé et le soleil. Trois heures de l’après-midi : ceci lui rappelle les invi-.tations, les visites, l’enfant qui doit aller à l’école ; c’est à trois heures l’autre jour qu’elle était particulièrement
fatiguée ; mais l’impression d’une interprétation convenable ne se fait pas sentir. La rêveuse insiste néanmoins sur le fait qu’il était trois heures moins un quart. L’interprète remarque alors, d’une manière amplificative, qu’il arrive fréquemment de faire des rêves où il est question d’heures analogues lorsqu’il se produit quelque chose d’important, lorsqu’il s’agit d’une transition, souvent d’un premier début du soir. Il était d’autre part clair qu’une inondation représente toujours un danger ; le fait qu’une inondation peut aussi provenir des profondeurs de l’âme, et ce que cela pouvait signifier, n’était pas reconnu par la rêveuse sans une certaine inquiétude. C’était le danger du crépuscule tombant, la menace par une féminité accusée, une situation qui semblait mettre en doute des valeurs précieuses. »
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